Microcrédit : Children’s Fund of Canada célèbre ses résultats avec les femmes de Nagreongo

Publié le jeudi 17 janvier 2019 à 00h16min

PARTAGER :                          
Microcrédit : Children’s Fund of Canada célèbre ses résultats avec les femmes de Nagreongo

La date du 15 janvier 2019 restera à jamais gravée dans la mémoire des populations de la commune rurale de Nagreongo et ses environs. En effet, c’est le jour qu’ont choisi les femmes membres des 48 Groupements villageois d’épargne et de crédit (GVEC) pour célébrer la clôture de leur cycle d’épargne et de crédit ; et ce, après neuf mois de mise en œuvre (avril-décembre 2018). La cérémonie a connu la participation de la responsable des programmes internationaux de Christian Children’s Fund of Canada (CCFC), Dr Belinda Bennet, qui avait à ses côtés la directrice pays de CCFC, Christelle Kalhoule, et certains de ses collaborateurs.

Le VSLA (Groupement villageois d’épargne et de crédit, GVEC, en français) est une approche de microcrédit qui consiste en la mobilisation de l’épargne communautaire par les membres qui s’organisent pour une autogestion efficace. Il est mis en œuvre en 2014 dans des communautés de Christian children Fund of Canada (CCFC) avec l’appui de ses partenaires dont l’Eglise des assemblées de Dieu, à la suite d’un constat :

« Les institutions de microfinance ont tendance à imposer des conditions de crédit rigides, qui réduisent de façon significative la demande de prêts. Par ailleurs, le montant moyen des crédits sollicités pour une activité génératrice de revenus exercée à l’échelle d’un village est de plus de 10 000 F CFA ».

Dans la commune rurale de Nagreongo, c’est en 2016 qu’il a fait ses premiers pas. Depuis lors, à chaque fin de cycle, les femmes membres des GVEC dans six communautés (Linoghin, Ziniaré, etc.) font une halte afin de commémorer le couronnement de leur parcours. La cérémonie du 15 janvier 2019 s’inscrit dans ce contexte. Le maire de la commune de Nagreongo, empêché, s’est fait représenter par son 1er adjoint, Zoudba Laurent Ouédraogo.

36 millions de francs CFA mobilisés dont 29 375 600 F CFA en crédits

Devant un parterre d’invités, le superviseur Zalème Zida dresse un bilan satisfaisant des efforts fournis pendant la période du cycle (avril-décembre 2018, ndlr). « 1 023 membres des 48 groupes ont pu mobiliser 36 000 000 F CFA dont 29 375 600 F CFA en crédits dans la commune de Nagreongo (Malgretenga, Linoghin et Nagreongo). Parmi les 48, un groupe a pu mobiliser 5 000 000 F CFA qu’il aura à partager entre ses 25 membres », a-t-il indiqué. Avant d’apporter plus d’éclairage sur le fonctionnement des GVEC.

A l’en croire, cette approche communautaire est régie par un règlement intérieur élaboré par ses membres et se déroule au cours d’un cycle à durée prédéterminée (six à neuf mois). A chaque réunion hebdomadaire, les femmes, en groupes de dix à 25 personnes, versent individuellement la somme de 1 000 F CFA ou 5 000 F CFA dans la caisse. Une fois le capital conséquent, les GVEC permettent aux membres qui en font la demande de souscrire un crédit à la fin du mois.

Après trois mois, tous les crédits sont remboursés avec des taux préalablement convenus. Tous les épargnes et bénéfices sont distribués aux membres au prorata des contributions et des parts de chacune, neuf mois plus tard. Puis, le cycle reprend à nouveau. Par ailleurs, il faut noter qu’à côté du capital à constituer, une caisse de solidarité est initiée et son contenu « permet de gérer les évènements sociaux, ce qui renforcent leurs liens ».

Le programme a porté des fruits

Les responsables peuvent s’enorgueillir, parce que les résultats des GVEC sont visibles sur le terrain. « Comme elles sont financièrement autonomes, si il y a quelque chose dans le village, elles sont consultées surtout dans les affaires communautaires. Sur le plan financier, elles ont de l’argent liquide à côté d’elles pour leurs activités. En fin de cycle, il y a des femmes qui peuvent avoir chacune près de 350 000 F CFA », a confirmé M. Zida.

Et ce n’est pas tout. Une récente étude de CCFC sur l’impact de l’approche dans trois régions sur les cinq a permis de démontrer que 82,6% des femmes qui participent au VSLA sont désormais capables de s’exprimer et de se faire entendre, contre 28,9% avant le VSLA. Certaines ont même été élues à des postes politiques dans leurs communautés (conseillères municipales, ndlr).

« Le GVEC a changé ma vie », a avoué Zénabo Zagré, qui affiche une mine soulagée. « J’ai utilisé les microcrédits que j’ai reçus à des fins d’investissement agricole et de dépenses en frais d’éducation de mes enfants », avant de justifier.

« Etendre l’initiative à d’autres régions »

Venue au Burkina Faso dans le cadre d’une visite de travail, la responsable des programmes internationaux de CCFC a pris part à la cérémonie, question de s’enquérir de ce qui se fait sur le terrain. « J’ai apprécié très positivement la rencontre du jour. Aussi, j’ai pu constater comment les femmes sont à l’aise dans la prise de parole en public. Désormais, elles ont confiance en elles-mêmes », a-t-elle signifié.

Ces avancées notables confortent Dr Belinda Bennet dans son ambition d’étendre le programme à d’autres régions, les prochaines années. Mais pour l’instant, CCFC et ses partenaires comptent 434 groupes VSLA et 9 654 membres dans 127 communautés à travers cinq régions, avec un montant global estimé à plus de 400 000 000 F CFA et plus de 270 000 000 F CFA en crédits octroyés.

La présente cérémonie était aussi une occasion pour la RPI d’exprimer ses remerciements à l’Eglise des assemblées de Dieu pour le travail d’accompagnement et de renforcement des capacités des femmes. Pour sa part, Zoudba Laurent Ouédraogo a réitéré son engagement à accompagner les femmes et les a invitées à maintenir la flamme qu’elles ont allumée en 2016.

Aïssata Laure G. Sidibé
Lefaso.net

Portfolio

PARTAGER :                          
 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique