"Nous avons été une des rares communes à arrimer son Plan de développement au PNDES", loue le maire de la commune de Ziniaré, Pascal Compaoré

Publié le vendredi 9 février 2018 à 01h45min

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Ziniaré, en langue mooré, "du jamais vu’’. Située à une trentaine de kilomètres au nord-est de la capitale, la commune de Ziniaré est le chef-lieu de la province de l’Oubritenga et de la région du Plateau-central. Circonscription d’origine de l’ancien président du Faso, Blaise Compaoré, Ziniaré était donc considérée, à tort ou à raison, comme une privilégiée du pays. Quatre ans après la chute du régime Compaoré, notre rubrique dédiée aux collectivités territoriales s’est intéressé à la vie de cette commune, dirigée depuis juin 2016 par un jeune maire, Pascal Compaoré. Produit de l’UFR/SH (Sociologie) de l’Université de Ouagadougou et titutlaire d’un Master en suivi-évalutaion de l’Université polytechnique de Turin en Italie, le bourgmestre aborde dans cette interview, et sans langue de bois, des questions relatives à son conseil municipal, à l’ancien président Blaise Compaoré et décline sa vision de développement pour son ’’Ziniaré natal’’.

Lefaso.net : Quel est le parcours politique de Pascal Compaoré et à quand remonte véritablement son engagement sur ce terrain ?

Pascal Compaoré : Avant de répondre à votre question, permettez-moi de vous souhaiter la bienvenue dans la Commune de Ziniaré et surtout l’intérêt porté sur elle.
Je pense qu’en toute chose, il faut avoir de la vision, se fixer des objectifs et surtout croire à ce qu’on fait. C’est pour vous dire que si je suis-là, c’est grâce à mon engagement en faveur des populations et à mon action au niveau du parti. C’est grâce donc au soutien des camarades du parti et surtout à la volonté des populations que je suis à ce niveau. Il n’y a donc pas eu un parcours extraordinaire, c’est simplement dans l’apprentissage dans le temps et en acceptant les critiques.

Je peux dire que tout a commencé depuis 2002 avec l’obtention du BAC. Quand je suis arrivé à l’Université, j’ai été parallèlement délégué de ma promotion, de 2002 jusqu’en 2006. Je profitais également pour participer à toutes les rencontres (politiques), mais je m’affichais peu (par respect aux franchises universitaires). Après le campus, quand je suis retourné à Ziniaré en 2006, j’ai continué à participer activement aux rencontres, à prendre part à toutes les activités. Mais, tout s’est accéléré en mai 2016 avec les élections municipales. Mais avant, j’ai été dans la délégation spéciale (sous la transition) en tant qu’adjoint. C’est à l’issue de tout cela, que je me suis dit, une chose est de critiquer, dire que ceci ne va pas. Mais, qu’est-ce que nous-mêmes faisons pour proposer de mieux ? C’est ainsi que j’ai décidé de m’affirmer encore plus, à travers mon parti, et les camarades ont accepté que je me présente comme candidat.

Lefaso.net : A partir de 2012, les choses se sont précipitées pour votre parti avec ce fameux congrès qui a eu pour conséquences, ce 4 janvier 2014 où des ténors ont démissionné et crée leur parti politique, le MPP. Beaucoup de vos camarades du CDP ont rejoint ce dernier, pourquoi avez-vous opté de rester au CDP ?

Pascal Compaoré : C’est vrai, et les offres en la matière, j’en ai eues. Seulement, c’est une question de conviction. J’ai ma vision en la matière. Pas parce que le MPP n’est pas un parti politique fréquentable, mais parce que j’étais déjà dans un parti (le CDP), où j’y suis. Pas parce que, non plus, des gens y étaient, mais plutôt parce que je voulais défendre des idéaux, des valeurs que je partage. C’est la raison pour laquelle, je n’ai pas senti la nécessité de changer de parti. J’aime mon parti, j’y ai beaucoup appris et c’est grâce à ce parti que je suis-là où je suis actuellement.

Lefaso.net : On sait que l’ancien président, Blaise Compaoré, est aussi ressortissant de la commune. Est-ce que cela n’a pas pesé pour votre refus de rejoindre le MPP, quand on sait que le mouvement des anciens leaders pour le MPP a été pour beaucoup dans la chute de Blaise Compaoré !

Pascal Compaoré : Quoiqu’on dise, cette fibre fraternelle ou patriotique, ne peut pas quitter en moi. Non ! Le président Blaise Compaoré reste un frère. Je veux même dire qu’il reste un papa. Donc, étant natif de Ziniaré, et vu ce qu’il a fait pour la patrie, pour le Burkina Faso, il serait un peu douloureux pour moi si je quittais le parti.

Lefaso.net : Pouvez-vous présenter le Conseil municipal de Ziniaré, en terme de composition politique surtout ?

Pascal Compaoré : Le Conseil municipal de Ziniaré compte 117 conseillers et à l’issue des municipales générales de mai 2016, le CDP enregistre 71 élus, le MPP a 41 conseillers, la NAFA a un conseiller et AJIR a quatre conseillers. C’est donc un Conseil municipal varié, diversifié et surtout très riche en compétences (parce que, j’ai beaucoup d’intellectuels dans l’équipe) ; ce qui nous permet de prendre en compte les critiques, de nous améliorer pour avancer. Et personnellement, je n’ai pas d’a priori pour travailler avec qui que ce soit ; ce qui m’intéresse, ce sont les idées.

Lefaso.net : Comment appréciez-vous l’atmosphère de travail au sein Conseil Municipal ?

Pascal Compaoré : Je salue le dynamisme, d’une part au niveau de la participation aux débats (le conseil mène réellement des débats fructueux et constructifs) et, d’autre part au niveau des contributions ; parce que chacun souhaiterait offrir une commune rayonnante, une commune prospère. Ce qui fait que tous les points de vue, tous les débats sont axés sur cette vision.

Lefaso.net : La commune a également la réputation d’être celle de l’ancien président, Blaise Compaoré. Cette image qui lui colle, un avantage ou un handicap aujourd’hui ?

Pascal Compaoré : Peut-on renier notre passé ? Non ! Le fait que Balaise Compaoré soit de la commune de Ziniaré est une réalité. Personne ne va renier son père, personne ne va renier son frère. Ce fait n’est ni un avantage ni un handicap pour la marche de la commune. Blaise Compaoré est un fils de la commune, il a été un des présidents du Burkina et tout comme les autres communes, Ziniaré a aussi profité au même titre. Mais, je dirais effectivement qu’elle profite davantage, parce qu’il y a cette estime parentale qui est-là, si fait que je peux dire qu’il y a cette fibre plus que les autres communes. Quoiqu’on dise, on est fier qu’il soit de Ziniaré. Nous pensons qu’il reviendra et c’est le souhait le plus absolu.

Lefaso.net : Votre rapport avec la tutelle n’accuse-t-il pas de coups de par ce fait ?

Pascal Compaoré : Je pense que dans le fonctionnement d’un Conseil municipal, il y a les transferts de l’Etat, les fonds propres et il y a les fonds de la coopération décentralisée. C’est pour vous dire que, pour ce qu’on doit recevoir de l’Etat, c’est une question de textes, de lois, de Constitution. Donc, il n’y a pas de raison que ce qui doit revenir à la commune soit retenu de façon délibérée. Non, c’est une question de textes. D’ailleurs, si on le faisait, ce ne serait pas à la commune de Ziniaré, ce serait à la population. Et ce n’est pas toute la population qui a voté le maire (le CDP), il y en a qui ont voté pour d’autres partis politiques ; d’où la présence dans le Conseil municipal, d’élus d’autres obédiences. Pour ma part, s’il y a une régression dans la part de l’Etat cette année, par rapport aux transferts, c’est certainement dû à l’économie générale. Mais, nous travaillons à pouvoir avoir une certaine autonomie à travers le recouvrement des taxes locales. Il s’agit dans ce sens de promouvoir le civisme fiscal et œuvrer à plus de transparence dans tout ce que nous faisons.

Lefaso.net : Quel rapport existe entre vous, élu du CDP, et ceux du parti au pouvoir ?

Pascal Compaoré : Peut-être entre maire CDP (que je suis) et maires MPP, parce que je ne suis pas un élu national...

Lefaso.net :.... mais n’empêche que vous êtes tous-là pour le bien-être de votre localité !
Pascal Compaoré : Oui, mais je pense que chacun a ses attributions. Il n’y a pas d’immixion ...

Lefaso.net : La collaboration peut se comprendre comme discuter de questions de développement de votre localité, par exemple !

Pascal Compaoré : Oui, si c’est cela, c’est effectif. A toutes nos activités, nous invitons l’honorable Marc Zoungrana (député MPP, parti au pouvoir, ndlr) et l’honorable Maïmouna Ouédraogo (député CDP). Plusieurs fois, ils ont été les parrains de nos activités. En réalité, ce qui me préoccupe, ce n’est pas l’esprit partisan ; ce qui m’intéresse, c’est le développement de la commune. Je l’ai toujours répété aux conseillers, le maire Pascal Compaoré passe, mais la commune reste. Et je me suis toujours mis à l’esprit que, quoi que je fasse, quelle que soit ma volonté, je ne peux satisfaire totalement la population. C’est pour dire que le développement est un processus, un champ qu’on vient cultiver et si tu sens à un moment donné que tu es fatigué, tu te retires, tu te reposes, d’autres viendront poursuivre. J’ai également demandé à tout moment aux populations de travailler à ce qu’il y ait l’unité, la cohésion ; parce que c’est à nous de construire la commune. Il faut donc se donner la main pour construire, car c’est l’union qui fait la force. La diversité d’opinion est une force, il faut savoir s’en servir.

Lefaso.net : Parlant de ressources, quelle est la capacité de mobilisation de la commune ?

Pascal Compaoré : Sur ce point, pour 2017, nous étions à un budget de 900 millions (environ) dont des fonds propres estimés à 300 millions. Cette année, avec la diminution des transferts par l’Etat, nous sommes à un budget de 669 millions (si je ne m’abuse). Mais, avec ce que nous avons comme stratégie et comme système de déploiement, nous constatons une nette évolution. En tout cas, avec le budget primitif, nous sommes actuellement à plus de 350 millions comme ressources propres. Je pense donc que tout se passe bien à ce niveau. Tout de suite, je vous parlais d’une rencontre avec les propriétaires de tricycles, c’est toujours dans cette dynamique (pour que les gens sachent que ce sont leurs contributions qui sont utilisées pour améliorer les conditions de vie de toute la population).

Lefaso.net : Quels sont les principaux pôles de mobilisation des ressources ?

Pascal Compaoré : Premièrement, notons le barrage de Ziga, qui est une source importante de revenus pour la commune. Il y a aussi les téléphonies-mobiles. On a également les taxes locales (les taxes sur les charrettes, sur les armes....) et surtout la sensibilisation sur la taxe de résidence. Sur cette dernière taxe, tous les conseillers sont engagés à la sensibilisation des populations. C’est vrai que l’impôt burkinabè est de type déclaratif, mais pour un acte citoyen, rien de tel qu’aller soi-même payer sa taxe de résidence.

Lefaso.net : Qu’aviez-vous comme priorités, à votre prise de service ?

Pascal Compaoré : Nous sommes avant tout des acteurs de développement. Quand nous sommes arrivés, nous avons donc trouvé que le Plan communal de développement, 2012-2016 de la commune arrivait à terme. On s’est donc dit que, pour développer sa commune, on ne peut naviguer à vue, il faut élaborer un Plan communal de développement (PCD). Voilà pourquoi, nous nous sommes attelés à élaborer le PCD 2017-2021. Et je pense que, ce n’est pas pour se jeter des fleurs, nous avons été une des rares communes à arrimer son PCD au PNDES (nous sommes arrivés le 28 juin 2016 et le 29 décembre 2016, nous avons adopté notre PCD, qui a été élaboré avec des compétences locales). Pourquoi nous l’avons fait (sitôt), parce que ce qui nous préoccupe, c’est que d’acteurs politiques pendant les élections, nous sommes devenus des acteurs de développement après les compétitions électorales. Il était nécessaire donc de laisser notre couverture d’acteurs politiques pour prendre celle d’acteurs de développement (pour cela, il fallait avoir un outil de développement, un outil de planification).

Mais, si on se disait que parce que la commune de Ziniaré est gérée par l’opposition, pourquoi arrimer donc son PCD avec le PNDES, ce ne serait pas réfléchi. Vous verrez qu’il y a des communes gérées par des maires/conseillers MPP, mais qui n’ont pas encore arrimé leur PCD au PNDES. Je taquine même certains dans ce sens, en leur disant que leur PCD est basé sur la SCADD (Stratégie de croissance accélérée et de développement durable, référentiel précédent, dernier du régime Compaoré). C’est un PCD de plus de cinq milliards 400 millions. Dans cela, le financement que nous sommes en train de rechercher représente 35% et les 75 % sont des fonds propres. Et dans cette perspective, nous avons tenu une rencontre avec les forces-vives de la commune à Ouagadougou, le 23 septembre 2017, où nous avons présenté le plan, demandé leur adhésion, leur engagement à ce qu’il soit une réussite. Comme on l’a dit, en élaborant ce PCD, on s’est donné une vision, qui est ce que nous voulons que la commune de Ziniaré soit dans les années à venir...

Lefaso.net : ...Et quelle est cette vision ?

Pascal Compaoré : C’est faire de la commune de Ziniaré, un pôle de développement durable, où les valeurs de cultures et de solidarité sont promues à l’horizon 2030. C’est sur cette vision que nous nous sommes lancé. Donc, pour dire, que ce soient les secteurs de l’eau, de l’éducation, de la santé, de la jeunesse, de la femme, ce sont des priorités que nous sommes en train de mettre en œuvre.

Lefaso.net : Sans vous demander un bilan..., quelles sont, à ce stade, les actions menées sur le terrain, qui retiennent particulièrement votre attention ?

Pascal Compaoré : En élaborant le PCD, nous avons voulu que ce ne soit pas un outil que nous allons élaborer puis déposer. De ce fait, nous avons mis en place une commission chargée de l’évaluer annuellement. A l’an I, la commission s’est réunie pour évaluer sa mise œuvre, à l’an II (c’est-à-dire cette année également), ce sera le même pour savoir le taux de mobilisation des ressources, les recettes, les insuffisances et comment faire pour combler ces faiblesses. Cela permet de voir où est-ce qu’il faut encore mettre l’accent. Mais déjà en 2017, nous avons pu construire plus de seize salles de classe. En matière de santé, il y a ce qui a été fait comme appui au fonctionnement des CSPS (en matière de dotation en matériels médico-techniques, entretien des engins à deux roues, entretien de l’ambulance...). En ce qui concerne l’eau potable, pour 2017, nous avons réalisé trois forages (malheureusement, c’est un seul qui a été positif). Au niveau de la jeunesse, nous avons pu tenir la première édition de la coupe de l’élu local (nous l’avons dénommé ’’coupe de l’élu local’’, parce que nous n’avons pas voulu faire ressortir l’aspect ’’maire’’, c’est l’ensemble des conseillers qui constituent le Conseil municipal), qui a été vraiment une réussite. Au-delà, nous avons échangé avec la jeunesse pour voir ce que nous pouvons vraiment faire pour l’accompagner.

Nous avons eu la chance d’élaborer un projet avec l’ONG LVIA et une ville italienne qui s’appelle Bistagno pour accompagner la jeunesse. Il s’agit de mettre un Fonds d’autonomisation où les jeunes pourront venir faire des prêts pour leurs initiatives (et ce sera une réalité dès cette année). Toujours en ce qui concerne la jeunesse, nous avons institué ce qu’on appelle ’’dialogue direct entre l’exécutif local et les jeunes’’. En 2017, nous l’avons tenu et cette année, nous allons le faire. Ce même cadre est initié avec les OSC (organisations de la société civile) et les femmes. C’est une réalité, parce que nous avons placé notre mandat sous le signe de la proximité, de la communication et de la transparence. Ces trois éléments sont notre repère pour avancer. La Femme n’a pas été en reste en 2017.

A ce sujet, outre l’accompagnement à l’organisation du 8-mars par la tenue d’une conférence pour réfléchir sur le thème de l’année, nous avons accompagné les femmes à organiser une foire agro-sylvo-pastorale (du 21 au 23 décembre), qui a été une véritable réussite. Au cours de cette foire, nous avons initié la campagne de dépistage des fustiles obstétricales, des cancers du col de l’utérus, des seins, gratuitement. Pour vous dire que nous essayons de tout mettre en œuvre pour que les résultats soient atteints. Dans le domaine de la protection civile et de la promotion sociale (avec les personnes âgées et les personnes vulnérables), nous avons tenu la journée de la personne âgée dans la commune (de concert avec le bureau de cette frange sociale).

Nous avons également remis des vivres aux personnes vivant avec un handicap, les orphelins, etc. Nous ne sommes pas aussi un maire de bureau, la commune compte 74 écoles et nous avons fait le tour de 24 écoles (la visite se poursuivra avec le reste) pour non seulement constater de visu les réalités, mais également encourager nos vaillants enseignants. Nous avons également 17 CSPS et je les ai tous visités avec le même motif. Bref, ce sont autant d’actions, entre autres, et nous entendons les multiplier et les renforcer. Aussi, quand nous sommes arrivés à la tête de la commune, nous avons remarqué que la Police municipale de Ziniaré compte cinq éléments ; ce qui n’est pas intéressant. Une commune comme Ziniaré, chef-lieu de région, avec cinq éléments, ce n’est pas ...

Lefaso.net : C’était ainsi depuis l’ère Compaoré ?

Pascal Compaoré : Bien sûr ! Ce n’est pas Blaise Compaoré qui devait faire ce recrutement, c’était aux maires qui étaient-là de faire ce travail. On s’est donc dit qu’il faut renforcer, voir ce qui peut être fait à ce niveau. Le Conseil municipal a donc lancé le recrutement de deux policiers municipaux par an. Déjà, nous avons deux policiers qui sont à l’école, et qui vont sortir sous peu. Mieux, nous avons anticipé, pour 2018 et 2019, en recrutant en même temps quatre éléments qui sont entrés à l’école (de la police) en janvier 2018. Ce qui fait déjà six éléments en formation et notre vision, c’est de laisser à la fin de notre mandat, quinze policiers municipaux à la commune (car nous aurons recruté dix, en plus des cinq que nous avons trouvés).

Tout cela vise à renforcer la protection des personnes et des biens. C’est aussi pour réglementer la circulation routière et voir tout ce qui concerne l’assainissement et l’hygiène dans la ville de Ziniaré. Et tout cela ne peut se faire sans une journée de rédevabilité (nous l’avons tenue le 29 juin 2017 et cette année, elle est programmée pour le 21 juin). Au niveau de l’administration, la commune de Ziniaré compte 44 agents, avec quatre mis à disposition (les autres sont des agents communaux). Avec la nouvelle loi portant création de la fonction publique territoriale, on a des difficultés, si fait que lorsque nous sommes arrivés, un problème d’organigramme se posait. Nous nous sommes vu donc obligé de revoir l’organigramme, pour tenir compte de la réalité et de la vision que nous avons pour la commune. Des services ont été crées (le service social ; le service jeunesse, culture et sports qui a été réorganisé et la questure qui n’existait pas). Après tout cela, on s’est dit que, quelle que soit la qualité de notre référentiel, PCD, si on n’a pas des agents très responsables et compétents pour accompagner la mise en œuvre, c’est compliquer. D’où l’organisation de sessions de formation sur la déontologie professionnelle. Nous avons aussi essayé de les former sur la gestion du temps et la gestion axée sur les résultats. Ce sont donc des activités que nous avons essayées de mener pour donner un certain dynamisme à la commune, pour qu’elle puisse répondre à son nom (à l’origine, du jamais vu).

Lefaso.net : Quelle est la priorité pour 2018 ?

Pascal Compaoré : Nous allons poursuivre avec la normalisation des écoles (avec sept classes à construire). Sur le volet santé, où nous venons de tenir une rencontre avec les acteurs, pour faire le bilan 2017, beaucoup de problèmes se posent également ; des CSPS n’ont pas de motos, les infirmiers se déplacent parfois avec leur propre engin. Donc, nous avons inscrit une ligne (dans le budget 2018) pour pouvoir avoir quelques motos pour accompagner. Au niveau de la jeunesse, ce sera la mise en œuvre effective du projet que nous avons eu avec l’ONG LVIA et également la deuxième édition de la Coupe de l’élu local que nous allons lancer en mars et dont la finale est projetée pour le 30 juin. Au niveau de la Femme, nous sommes en train de travailler pour mettre plus de contenu dans la journée du 8-mars. Donc, nous sommes en train d’échanger avec les femmes (c’est vrai que la célébration du 8 mars 2018 au plan régional, ce sera à Loumbila, mais nous voulons voir qu’est-ce qui peut être fait au niveau communal).

Nous préparons également la reconduite de la foire (agro-sylvo-pastorale) ainsi que la campagne de dépistage. La commune a aussi besoin de plus d’assainissement, voilà pourquoi nous avons lancé le 23 janvier, la campagne "Ziniaré, ville propre" ; nous voulons que la ville ’’re’’devienne davantage un cadre propre, sain. C’est un état d’esprit, et nous sommes en train de demander à la population de changer de comportements et lorsque vous observez, vous noterez que ça commence à aller. Mais, on ne peut lancer un tel processus sans rencontrer les acteurs ; nous avons donc échangé avec les mécaniciens, les bouchers, les tailleurs, les restaurateurs, les laveurs de motos, etc., pour partager ce message. Et c’est dans cette dynamique qu’on s’est dit qu’on ne peut rencontrer les populations sans mettre en place une stratégie ; d’où l’organisation des Associations par la signature de convention avec six associations pour la collecte des déchets dans la commune.

Nous les avons appuyées avec plus de 200 poubelles. Toujours dans cet élan, nous avons pu avoir un partenariat avec des organisations étrangères. L’Agence de l’Eau du Nakambé nous a aussi promis des poubelles à cet effet. En tout cas, nous tenons fermement à cette campagne ’’Ziniaré, ville propre’’. Nous œuvrons également, de concert avec le ministère de l’Habitat et de l’Urbanisme, à l’ouverture de certaines voies. Nous luttons aussi contre la divagation des animaux dans la commune, les semis dans la ville sur lesquels, nous allons aussi sensibiliser. Une priorité cette année également pour le Conseil municipal, c’est le problème foncier. Avec la proximité avec Ouagadougou (et après avoir ’’terminé’’ Loumbila), c’est Ziniaré qui est maintenant visée. Nous sommes donc en train de sensibiliser et mettre en place le service foncier rural pour que la vente de terres puisse diminuer. Ce qui va permettre à ceux qui vont vouloir vendre de pouvoir avoir leur attestation de possession foncière rurale (APFR) avant de liquider. Donc, il faut travailler à sécuriser le foncier.

2018 verra également le lancement du site web de la commune. Cela va permettre de renforcer la bonne gouvernance par la transparence dans la gestion, la communication permanente avec les populations, les ressortissants de la commune à travers le monde et les partenaires.

Lefaso.net : Quels étaient (à votre arrivée), les chantiers qui étaient en souffrance, du fait du départ de Blaise Compaoré ?

Pascal Compaoré : Il faut dire que lorsqu’on dit les ’’chantiers qui souffraient’’..., Blaise Compaoré n’était pas le maire de la commune de Ziniaré, il était le président du Burkina Faso...

Lefaso.net : ... mais, sa position pouvait être un facteur d’investissement et de mouvement pour certaines personnes dans la commune !

Pascal Compaoré : ...Effectivement, tant qu’on n’est pas dans la commune de Ziniaré, on se disait qu’au temps de Blaise Compaoré, Ziniaré bénéficiait d’une particularité, non ! Ziniaré était la même ville, la même commune comme toutes les autres. C’était à ceux qui étaient-là en son temps de saisir cette opportunité pour proposer au président Blaise Compaoré, des actions, des projets de développement. C’est pour vous dire que, lorsque nous sommes arrivés, c’était la délégation spéciale qui conduisait les actions. Nous avons pris le relais et avons mis en place notre PCD pour une nouvelle dynamique sur laquelle nous sommes actuellement.

Lefaso.net : Parlant de chantiers aux arrêts, il y a surtout ce chantier à la sortie Est(en face de l’entrée principale du parc animalier), qui fait l’objet de nombreux commentaires. Pouvez-vous nous en dire un peu plus ?

Pascal Compaoré : C’est effectivement un hôtel, ce devra être l’hôtel du parc animalier. Je ne dirais pas qu’il est aux arrêts, mais plutôt en suspension. Les travaux vont reprendre, tout cela était dû au départ du président Blaise Compaoré, mais aussi à certaines difficultés entre opérateurs...

Lefaso.net : C’était l’initiative de Blaise Compaoré !

Pascal Compaoré : Non, c’était une initiative des filles et fils de la commune, accompagnés par des opérateurs économiques de la province. D’ici là, les choses vont reprendre et l’hôtel tant souhaité va avoir le jour.

Lefaso.net : Quelle est la situation actuelle du parc animalier, qui suscite aussi de nombreux commentaires relatifs à sa gestion ?

Pascal Compaoré : Effectivement, des gens envoient des arguments sans venir à la source. Certains organes de presse sont passés me voir à ce sujet et je leur ai dit que le parc animalier est une propriété privée. Il appartient au président Blaise Compaoré et il n’a jamais été rétrocédé ni donné à la commune pour gestion. Mais des gens sont-là, disent que le parc appartient à la commune, que c’est elle qui gère....est-ce qu’ils connaissent le coût journalier du parc ?

Lefaso.net : Cette confusion ne viendrait-elle pas du fait que les visiteurs devraient passer à la mairie pour l’autorisation d’accès ?

Pascal Compaoré : Non, les gens ne passaient pas pour prendre des autorisations, mais plutôt les tickets ; parce qu’en son temps, ceux qui étaient au parc étaient des agents de sécurité. Ils ont donc échangé avec le maire, qui a accepté donner un local au responsable du parc pour qu’il soit-là (à la mairie). C’est simplement cela. Et comme le parc est situé dans la commune de Ziniaré, le maire a dit que toute demande qui va venir doit être timbrée. Les demandes sont donc timbrées, comme les autres demandes adressées au maire. Sinon, les prix d’entrée sont reversés dans le compte privé du propriétaire. En 2017, suite à l’écho fait par plusieurs organes de presse, le ministre (du tourisme) Tahirou Barry m’a demandé de lui faire la situation du parc, pour qu’il voit ce qu’il peut faire. Je lui ai dit que c’était un peu difficile, parce qu’il n’appartient pas à la commune ; c’est privé et s’il souhaitait, il pouvait passer échanger avec la petite sœur du président pour comprendre davantage. Notre rôle, c’était vraiment de donner l’information. Mais pour le moment, je ne saurai en dire plus, le directeur régional de la culture disait qu’il y a quelque chose qui est en train de se faire à ce sujet, mais je ne sais pas où ils en sont.

Lefaso.net : En tant que personne qui gère la commune, et étant de son parti politique, avez-vous souvent les encouragements du président Blaise Compaoré ?

Pascal Compaoré : Je pense que la relation entre le président Blaise Compaoré et d’autres personnes relève du privé. Mais, si vous voyez que j’ai le courage, le réconfort et je suis serein là où je suis, c’est parce que j’ai du soutien qui vient de partout. Pour vous dire que si le président Blaise Compaoré était à Ziniaré ici, ça allait encore me donner plus de tonus dans ce que je fais. Mais, quoi qu’on dise, loin des yeux, près du cœur.

Lefaso.net : Et si l’on vous demandait un message pour lui, ce serait lequel ?

Pascal Compaoré : C’est lui dire : le chantier que tu as laissé se poursuit. Sois fier de ce que tu as commencé comme chantiers, nous sommes en train de poursuivre le travail, de façon sereine. Ce que nous souhaitons seulement, est que tu sois toujours en bonne santé, que tu gardes toujours courage et qu’un jour, tu puisses revenir nous retrouver en bonne santé également, et que, tous ensemble, nous puissions travailler pour la commune, pour la province, pour la région, pour l’ensemble du Burkina Faso.

Lefaso.net : Quel message pour l’ensemble des Burkinabè, à commencer par vos administrés ?

Pascal Compaoré : Pour les populations de ma commune, j’ai toujours dit : je suis le maire du peuple, j’ai été élu par les populations. Je suis l’un des maires qui résident dans leur commune, en temps plein (je suis à tout moment-là, je connais leurs difficultés, leurs réalités). C’est pour leur dire que tout ce qu’elles m’ont confié comme charges restent un repère et nous travaillerons en fonction de cela et surtout dans la limite des moyens (nous n’allons pas faire de la démagogie ; si on peut faire on fait, si on ne peut, on regarde ensemble ce qui est faisable). C’est ensemble qu’on arrive à avoir les bonnes idées. Je consulte beaucoup tous conseillers, sans distinction. Ce qui m’intéresse, c’est le bien-être de tout le monde. C’est pourquoi, j’ai toujours prôné au Conseil municipal l’esprit d’équipe, une équipe de combat. Nous sommes-là pour un mandat, et rares sont ceux-là (élus) qui peuvent, à ce stade, dire s’ils vont revenir ou pas. Alors, travaillons donc maintenant ; parce que pour vivre longtemps, il faut vivre aujourd’hui. C’est ce que nous faisons.

A l’endroit des Burkinabè, c’est de demander à ce qu’on travaille pour la paix. En tout cas, avec le nouveau gouvernement, nous pensons que les choses vont aller davantage dans le bon sens et nous attendons beaucoup de cette équipe gouvernementale, car les attentes des Burkinabè sont énormes. Il faut se mettre sérieusement au travail pour qu’on puisse atteindre les résultats escomptés.

En attendant l’opérationnalisation de son site web, suivez les activités de la commune de Ziniaré via sa page Facebook officielle : https://www.facebook.com/search/top...

Interview réalisée par Oumar L. Ouédraogo
(oumarpro226@gmail.com)
Lefaso.net

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