Mutilations génitales féminines et mariage d’enfants : 300 villages du Plateau-central s’engagent solennellement pour l’abandon

Publié le vendredi 15 décembre 2017 à 17h05min

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Mutilations génitales féminines et mariage d’enfants : 300 villages du Plateau-central s’engagent solennellement pour l’abandon

Le jeudi 14 décembre 2017 à Foulgo, un village situé dans la commune de Boudry, des représentants de 300 villages du Plateau-central ont, au cours d’une cérémonie officielle de déclaration publique, dit non à la pratique des mutilations génitales féminines (MGF) et du mariage d’enfants. 140 cellules de veille ont été mises en place pour continuer les sensibilisations et veiller à ce que l’engagement pris par ses derniers soit une réalité. L’association Groupe d’appui en santé, communication et développement (GASCODE) est l’initiatrice de cette activité.

« Je dis non à la pratique de l’excision et du mariage d’enfants », « mobilisons-nous pour l’atteinte de la tolérance zéro aux mutilations génitales féminines et le mariage d’enfants ». C’est par ces slogans que les représentants de 300 villages du plateau-central ont exprimé leur ferme décision de lutter contre ces phénomènes avilissants qui entravent le bien-être de la femme et de la jeune fille. C’était lors d’une cérémonie de déclaration publique organisée le jeudi 14 décembre 2017, dans la commune de Boudry. Les engagements pris par les autorités coutumières, religieuses et leurs populations ont été symbolisés par l’enterrement d’outils d’excision. Et c’est l’ancienne exciseuse Korotimi Balima qui s’est prêtée à cet exercice. A l’occasion, les populations n’ont pas marchandé leur déplacement, malgré le soleil et la poussière. Etaient également présentes, des autorités administratives, politiques et paramilitaires.

Allocutions, prestation musicale, théâtre ont constitué le plat de résistance de la présente cérémonie qui, il faut le souligner, est le fruit d’un processus enclenché depuis avril 2017 par l’association Groupe d’appui en santé, communication et développement (GASCODE) avec l’accompagnement technique et financier de l’UNICEF.

« Nous avons utilisé une approche holistique basée sur le changement des normes sociales pour plus d’efficacité. En plus des activités d’information, d’éducation et de communication pour le changement de comportement, un accent est mis sur le renforcement des capacités des familles et de la communauté à assurer leur devoir de protection de l’enfant et le changement de comportement individuel et collectif pour une meilleure protection de l’enfant », a expliqué la présidente du conseil exécutif de l’association, qui affirme que cette démarche a contribué à créer les conditions pour une prise de conscience et un engagement des membres de la communauté autour des questions de protection de l’enfant et de la femme. Toutefois, l’arbre ne doit pas cacher la forêt. Des défis restent à relever.

En effet, selon les données de l’enquête démographique et de santé de 2010, la situation reste toujours préoccupante. Dans le domaine des MGF, les régions du Centre-Est (90%), Centre-Nord (87%), Nord (88%) et du plateau central (88%) sont plus touchées par le phénomène. Quant au mariage d’enfants, plus de la moitié des femmes (53%) sont déjà en union en atteignant 18 ans. L’abandon est possible, mais restera vain sans une coordination des efforts de tous en vue d’un abandon collectif. C’est pourquoi Mme Bassolé a demandé aux populations d’être vigilantes et promptes à dénoncer toute tentative de pratique dans leurs villages, chez leurs voisins, dans leurs familles au regard de l’évolution et des nouvelles stratégies adoptées par ceux qui continuent la pratique.

La chargée de mission du ministère en charge de la femme, Rosalie Yao, quant à elle, est réaliste : « Des pratiques traditionnelles aussi anciennes que l’excision et le mariage d’enfants ont la peau dure. Elles ont eu le temps de s’enraciner dans nos pratiques au sein de nos communautés, elles mettront certainement du temps à disparaître ». Par la suite, Mme Yao a salué l’initiative de GASCODE et exprimé ses gratitudes et remerciements aux populations des 300 villages pour l’engagement fort manifesté. « Mon souhait est que ces villages soient des sentinelles pour veiller à ce que cette pratique prenne réellement fin dans nos contrées », a déclaré le maire de la commune de Boudry, Djibril Zoelegré dans son mot de bienvenue. Avant de souhaiter que leur exemple stimule d’autres communautés.

Pour l’atteinte de la tolérance zéro, la chargée de mission a lancé un appel aux hommes, femmes et jeunes pour un changement de comportement. Enfin, elle a encouragé les autorités administratives, politiques, coutumières et religieuses à s’impliquer davantage afin de construire une société sans violences.

Pour sa part, Désiré Yaméogo a réitéré l’engagement de l’UNICEF à accompagner le gouvernement et la société civile dans leurs efforts communs pour la réalisation des droits des enfants et à l’abandon de toutes les pratiques préjudiciables à leur bien-être. Puis au chef de canton de Boudry de conclure : « Restez tranquilles les autorités administratives. Nous serons vos porte-paroles auprès de nos sujets. Ce ne sont pas des pratiques coutumières mais plutôt des pratiques néfastes combattues par tout le monde. Nous nous engageons à mener âprement la lutte pour mettre fin à ces pratiques déshonorantes de la gente féminine ».

En rappel, la présente déclaration porte à 543 le nombre de villages ayant déclaré l’abandon de la pratique de l’excision et du mariage d’enfants avec l’accompagnement de GASCODE.

Aïssata Laure G. Sidibé
Lefaso.net

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